En 2004, Jean Pierre et moi avons entrepris une aventure unique qui resterait à jamais gravée dans notre mémoire : un vol en hélicoptère à travers le nord du Cambodge, explorant certains des sites les plus époustouflants et historiquement significatifs du pays. Nous étions avec des amis chers d’Allemagne, Michael et Isabelle Girardet, et avec notre voisin, l’archéologue Christophe Pottier de l’EFEO. Ce voyage extraordinaire nous a emmenés du temple isolé de Preah Vihear à la pyramide de Koh Ker, aux majestueuses montagnes de Kulen, et enfin aux temples emblématiques d’Angkor.
Nous avons embarqué dans l’hélicoptère à Siem Reap à 7 heures du matin. Lorsque les pales du rotor ont commencé à tourner, nous soulevant du sol, nous étions immédiatement au-dessus du Baray. La mosaïque de rizières, parsemée de maisons traditionnelles sur pilotis, s’étendait dans toutes les directions, encadrée par des montagnes lointaines et des forêts denses. Le contraste entre le vert luxuriant de la campagne et la terre rouge des routes en contrebas était frappant.
Preah Vihear : le temple au bord du précipice
Notre premier arrêt était le magnifique temple de Preah Vihear, perché au sommet d’une falaise de 525 mètres sur les montagnes de Dangrek, le long de la frontière cambodgienne-thaïlandaise. Ce temple hindou du XIe siècle, dédié au dieu Shiva, est l’un des temples les plus isolés du Cambodge. À mesure que nous approchions de la falaise, la grandeur du temple devenait apparente : les sculptures complexes, les escaliers raides et les vues panoramiques sur les plaines environnantes le faisaient ressembler à un temple au bord du paradis. Mais Preah Vihear était aussi un refuge pour les Khmers Rouges, car ils pouvaient facilement se cacher en Thaïlande, 100 mètres plus au nord. C’était leur bastion où des choses terribles ont pu se produire entre 1975 et 1979.
L’atterrissage dans l’enceinte du temple est désormais interdit, et après le Covid, les vols en hélicoptère ne sont plus opérés au-dessus d’Angkor, rendant ce voyage unique en son genre. La vue depuis la falaise était à couper le souffle, offrant une perspective inégalée du paysage environnant, une vue que peu de personnes ont le privilège de voir.
Koh Ker : la ville oubliée
Notre prochaine destination était Koh Ker, une ancienne ville qui a servi de capitale à l’Empire Khmer pendant une brève période au Xe siècle. Contrairement aux temples d’Angkor plus célèbres, Koh Ker est relativement isolée, en faisant aujourd’hui un joyau caché pour ceux qui cherchent à explorer les sites historiques moins connus du Cambodge. Koh Ker n’était pas accessible par la route jusqu’en 2004.
Nous avons atterri à Prasat Thom, une pyramide de 30 mètres de haut qui domine le paysage. Grimper au sommet de cette pyramide révélait une vaste étendue de jungle sèche, avec seulement quelques flèches de temples émergeant des arbres.
Sur le chemin du retour vers Siem Reap, nous avons survolé les montagnes de Kulen et avons pu voir à quel point la jungle avait été décimée sans témoins. Les montagnes de Kulen, un lieu de grande importance spirituelle pour le peuple cambodgien, sont considérées comme le berceau de l’Empire Khmer, et la région est riche en temples anciens, sculptures et merveilles naturelles qui ont été mises en lumière grâce au Lidar. Aujourd’hui, l’organisation AFD dirigée par Jean Baptiste Chevance travaille avec les communautés pour le développement local et en même temps restaure ces temples perdus.
Après les Kulens et Bantey Srey, les plaines du district de Siem Reap apparaissent, entourant Phnom Bok, un temple à côté de Bantey Srei.
Temple d’Angkor à 16h…
Depuis les airs, l’ampleur d’Angkor Wat, le plus grand monument religieux du monde, est à couper le souffle. La beauté symétrique du temple, entourée d’un fossé et d’une jungle dense, était un spectacle à voir. L’hélicoptère pouvait s’arrêter quelques minutes pour cette expérience incroyable.
Vingt ans plus tard, ce vol est encore dans notre mémoire comme si c’était hier. Parce que nous étions des pionniers, parce que nous étions avec les compagnons parfaits que je ne remercierai jamais assez de nous avoir permis de rejoindre le voyage.